Jean Reynard (Institut des Sources chrétiennes, HISOMA, CNRS ; Lyon)
Le Psautier et le Notre Père constituent deux textes bien différents de l’Écriture, même si tous les deux sont des adresses à Dieu et se signalent par leur usage liturgique. Grégoire a consacré un traité au Psautier en l’abordant sous un angle particulier, l’étude de ses titres et de son organisation comme préalable nécessaire au commentaire des unités psalmiques elles-mêmes. La confrontation de cette méthode avec celle qu’il emploie pour traiter une péricope centrale du Nouveau Testament est instructive en ce qu’elle permet de distinguer plusieurs manières d’expliquer un texte, selon qu’il appartient à la Première Alliance ou à la Seconde, prière ancrée dans le judaïsme et expression essentielle de la foi chrétienne.
Les derniers éditeurs ont rapproché les deux textes et souligné des parallèles de structure entre les deux : similitude du plan général, rôle de l’akolouthia, présence d’une forme de progression spirituelle construite dans la lecture du Psautier et celle du Notre Père, dans un cas montée vers la béatitude, dans l’autre ascension vers l’assimilation à Dieu. Le traité Sur les titres des Psaumes, considéré en général comme un écrit précoce dans l’œuvre de Grégoire et, en tout cas, antérieur aux Homélies sur le Notre Père, a-t-il constitué un laboratoire pour l’élaboration d’une méthode d’exégèse, appliquée par la suite à d’autres écrits exégétiques, cette fois néotestamentaires, en particulier aux Homélies sur le Notre Père, plus d’ailleurs qu’à celles sur les Béatitudes ?